5.10.06

Kippour



À Kippour, il n’y a que les fautes que l’on a faites envers Dieu qui peuvent être pardonnées. Les fautes envers quelqu’un ne le sont pas, si l’on n’a pas fait la démarche de s’en excuser auprès de la victime, et trois fois si nécessaires.
Aussi j’ai demandé pardon à cette fille sur la photo, cette jeune fille que j’étais. Il le fallait.
Je ne crois pas l’avoir trop trahie, je suis restée fidèle à celle que j’étais alors. Même si je ne porte plus de lunettes, ni, malgré la mode, de robes baba cool. Mais j’avais oublié la nécessité d’être soi, toujours, de garder indépendance et fierté. Et ceci non dans les épreuves, mais dans le bonheur et dans l’amour, qui sont des prisons bien plus redoutables que l’adversité. Les prisons dorées de l’illusion.
Vieillir c’est peut-être cela, se croire délivré du regard des anciens pour oser agir en lâcheté, comme en catimini.
Bien sûr, beaucoup de choses ont changé. Le chien, sur la photo, fait partie de ceux qui sont partis et jamais ne reviendront.
Je n’oublierai jamais le regard de ceux que j’ai aimé, morts aujourd'hui et qui m’ont construite (je sens leurs yeux sur moi). Ni celui de la jeune fille sur la photo. Je crois qu’elle m’a pardonnée. Car elle me sourit toujours, par delà les années. Et je n’ai pas oublié la forme du crâne de ce chien roux exactement là où elle a la main gauche...

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