12.10.06

hommage à Mme Ranucci

Lorsque j'entendis Phèdre pour la première fois, la fille de Minos et de Pasiphae s'échappait d'un petit classique Larousse. Sa voix inondait du soleil de la Crète au milieu des bureaux gravés au canif. Phèdre s'y contenait, dans l'étendue de sa furie. Pas d'héroïne en brocart.Toutes les voix étaient pourtant confondues en une seule : féminine, et où pointait parfois un accent de chez nous... Non pas. Aricie n'osait rêver d'un monde meilleur.Thésée hurlait à Neptune sa plainte et Œnone aux Dieux sa douleur. Les cheveux d'Hippolyte s'accrochaient aux ronces dégoulinamment pourpres.
Il n'y avait point de ténèbres et point de fauteuils rouges. Mais le bruit des autobus et des camions de pompiers, et celui de la cloche qui restait sans effet sur nous.
C'était le Phèdre de Racine.

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