19.7.22

Aube de plage

 



Comme tous les matins, nous avons pris la voiture sitôt levés, et avons pris la première place disponible sur la Promenade des Anglais. 
A notre arrivée, un goéland était couché sur la plage et un cormoran chassait à deux mètres du rivage. La présence d’un tout petit cours d’eau et celle de petits poissons dès que j’eus mis la tête sous l’eau semblait expliquer cette présence bizarre. Le cormoran sauta sur les rochers brise-tempête et le goéland s’envola plus loin, rasant les galets. La mer était parfaitement lisse, et fraîche, et transparente. S’allonger et faire la planche c’était rentrer dans le parfait silence du matin. Puis, un curieux chassa le cormoran de ses rochers. Un grand échalas, entre Jésus-Christ superstar et sannyasin, explora longtemps les galets pour trouver sa place, puis pour se déshabiller, rentra dans l’eau en caleçon blanc et nagea longuement, s’arrêtant de temps en autre pour psalmodier des textes compréhensibles de lui seul. Un couple surgit du large : en sortant de l’eau, on put constater qu’elle avait vingt ans de plus que lui, qu’ils étaient amants, et qu’ils portaient la même technologie : maillot de compétition, pochettes aux contenants inconnus, chronomètre au poignet dont elle semblait contrariée à la lecture de sa performance ; ils sortirent se sécher et elle paraissait très grande et très masculine de dos. Peu à peu, les gens arrivaient et remplissaient l’espace libre, se rapprochant dangereusement de ma zone de confort ; le plus terrible est que l’on pouvait alors entendre leur conversation, qui rappelait que la moitié de la population a voté Rassemblement National et une autre France Insoumise. Il est temps de quitter les lieux. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire