16.8.20

vacance(s) : SSPT ou les disparus des autres ...

 

Comme s'il ne suffisait pas d'aller à des enterrements, pour alimenter mon syndrome de stress post traumatique ou pour le shunter par overdose, j'ai entrepris cet été de lire les Disparus de Daniel Mendelsohn.   Ainsi, pendant la demie-conscience qui précède le sommeil, juste après avoir terminé un chapitre, je peux sans culpabilité laisser libre cours à mes pensées tordues. J'ose m'avouer que ces familles veuves m'énervent, elles qui ne connaissent pas leur chance. La chance de pleurer un être aimé dont on peut mettre pour un instant tous les démérites en standby, tout cela parce que la séparation est soudaine d'une vie dont la violence de l'épreuve a rapproché les liens et les sentiments. La chance d'avoir préparé les cérémonies d'au revoir jusque dans les détails des chansons désuètes et des arrangements floraux qui font que je suis rentrée chez moi avec mon bouquet non conforme (au fond c'est assez bien, il est joli chez moi comme autel provisoire et il résiste paradoxalement très bien à la chaleur caniculaire). Comme j'en suis à la partie du livre sur la Shoah par balles, je peux jouir complaisamment de parallèles faciles.
Mais qu'en ont-ils à faire les gens éplorés, de toutes les horreurs que ces lointains non-ancêtres ont vécues avant de mourir sans cérémonies ni plus personne pour les pleurer. 

C'est mon complexe de divorcée, ce terme affreux, qui toujours me ramène à la réalité du monde : personne ne plaint trop longtemps les Ariane ou les Didon. Il n'y a que dans la littérature qu'elles paraissent vaguement romantiques et pourront mourir d'amour sans être couvertes de ridicule, et pas seulement par celui bien vivant qui les a abandonnées sur le rivage. 

Les nouveaux veufs sont trop jeunes encore pour comprendre le luxe et la joie de pleurer l'être aimé sans arrière-pensée au milieu de la considération générale.

Moi aussi j'en ai des chansons


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