28.2.15

Voyage avec un incolore (38) : fin de plage


"Les dernières notes du Sonnet 47 de Pétrarque s'évanouirent dans l'espace, le disque s'acheva, l'aiguille remonta, le bras se déplaça à l'horizontale et retourna sur son support. "
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch. 13

27.2.15

Voyage avec un incolore (37) :

"Que la force soit avec toi, dit-elle. Sois l'égal des saumons."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch. 13

26.2.15

Voyage avec un incolore (36) : Finlande

""Mais que peut-il bien y avaoir en Finlande ?" demanda son supérieur.
Tsukuru énuméra ce qui lui venait en tête : "Sibelius,

le cinéaste Aki Kaurismaki,

Marimekko,

Nokia,
 les Moumines.
"
Le supérieur resta perplexe. Rien de tout cela ne semblait éveiller son intérêt."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch.13

24.2.15

Voyage avec un incolore (35) : enfances

"Je me rappelle seulement la mélodie la plus connue des Scènes d'enfants de Schumann, Träumerei. Je me souviens qu'elle la jouait souvent."

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.11

Le son de chez moi (58) : divas en bazar

Divas haut perchées qui chantent : on remet ça dans l'édition 2015.

9.2.15

Mes notes de chevet (113) : relais

"Les relais de Nashiwara, de Higure, de Mochizuke, de Noguchi, de Yama. Je me rappelais avoir entendu raconter, au sujet de ce dernier, des faits intéressants, et, comme il s'en est produit d'autres, il est curieux d'en réunir les récits."
Sei Shônagon, Notes de Chevet

Mochizuke, Hiroshige
Mes notes de chevet :
Des relais, j'en connus, dans l'enfance, du temps sans autoroute, quand les voyages étaient longs, et qu'il fallait faire des pauses, se restaurer plutôt lentement que vite, toujours aux mêmes endroits pour ne pas déroger à la traduction. J'obéis à Sei et en réunit deux récits de petites bouches, dont un inédit.


Nationale 7.

Quand j'étais petite, l'autoroute n'existait que sur de brefs tronçons. Lorsqu'on partait pour un long voyage en voiture, il fallait se lever de bonne heure, tout endormi. Tout au long du chemin, on suivait des camions, on traversait des villages. Il y en avait un, loin de chez nous (au moins cent kilomètres) qui avait un nom très long : il s'appelait Saint Maximin la Sainte Baume. Quand on le traversait, on s'arrêtait sur la place du village, sur le parking, sous les platanes. Le bar était le long de la nationale 7, juste à côté. C'est là que nous prenions le petit déjeuner. Nous nous asseyions à une table recouverte par une toile cirée, sur de vieilles chaises en bois toutes rondes. Le café était très sombre, des coupes brillaient sur une étagère. Mon père commandait un thé, ma mère un café, mon frère un chocolat et moi un café au lait. Comme à la maison. Le patron sortait du café, traversait la rue, rentrait dans la boulangerie, et nous ramenait deux croissants tous chauds pour chacun, qu'il posait dans une petite corbeille en osier. Ils étaient très très bons, tout chauds, fondants sous la langue. J'attaquais le premier croissant par le milieu, là où il est le plus tendre, dans la carapace du crabe, et je le laissais fondre sous la langue. Je fourrai le deuxième avec du beurre tout ramolli dans une minuscule plaquette dorée. Il y avait aussi de la confiture, ce n'était pas un bocal qui tirait la langue mais une petite barquette en aluminium, et il n'y en avait qu'un tout petit peu.
Il y a toujours eu des croissants dans les boulangeries mais avant, c'était un produit de luxe. On n'en mangeait que dans les grandes occasions, pour un anniversaire, ou en vacances quand on prenait son petit déjeuner dans un café. Ils n'étaient chauds que le matin, car le boulanger se levait très tôt pour les fabriquer, et après il allait se coucher. Le croissant, c'était un aliment du matin, comme la soupe en est un du soir. Je n'en mangeais jamais à un autre moment de la journée, ça ne me serait même pas venu à l'idée !
Un jour, il y a eu de plus en plus d'autoroutes. On n'avait plus besoin de se lever très tôt, tout endormi. Sur la nôtre, un peu avant l'échangeur, il y avait un grand panneau : visitez Saint Maximin la Sainte Baume et son abbaye romane. Moi, je ne connaissais pas l'abbaye romane, mais je regrettais bien de ne pas en prendre la sortie vers la place et les platanes.
Une seule fois, j'ai dérogé à la règle matinale des croissants: dans un restaurant d'un petit village de l'Aveyron, j'en ai mangé fourré comme un croque-monsieur, passé au four avec du jambon et du gruyère; c'était étrange et délicieux. Mais c'était quand même beaucoup moins bon qu'au petit déjeuner dans un café tout sombre avec des coupes brillantes.

Nationale 7 (deux)

Sur la Nationale 7, plus loin, beaucoup plus loin, il est parfois midi. Et midi c'est l'heure du repas de midi. A cette époque, il y avait des restaurants au bord des routes avec de grands parkings, pour les routiers, et c'est ainsi que ces restaurants s'appelaient. Le nôtre, même si nous n'avions pas un 9 tonnes, était à Sénas. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup de tables très serrées, du bruit, de l'agitation, et un seul plat, sans doute : du steak et des frites. Et c'est ce que l'on mangeait, bien avant MacDo, sans cadeau, mais dans ce monde étrange et fascinant d'hommes qui parlaient fort et dans toutes les langues. Je ne me souviens pas du steak, seulement du goût exceptionnel des frites, des frites longues et fondantes. Leur taille surtout faisait la différence avec celles de ma mère. A cause de Sénas et à cause de ma mère, je me sens totalement incapable de cuisiner des frites, je suis persuadée que je ne réussirai pas aussi bien. Aussi je les mange toujours dehors, au restaurant, chez moi jamais il ne me viendrait à l'idée d'en cuisiner. 

8.2.15

Cent vues (87) : toute la pluie tombe sur moi

Murasame no Fuji, Hokusai

Il n'y a pas à dire, les chapeaux japonais, quand il pleut des cordes, c'est la classe !