18.7.16

Nous mourons tous par petits bouts : Prom Party (2) : la boîte de Pandore

Drôle de période.
Rassemblement de soutien aux victimes de Nice, Selonnet (04) photo Hatsuo Adachihara

Il y a la douleur, le mal, la mort, la souffrance, la peur.
Et en plus, les terroristes ont ouvert la boîte de Pandore avec une vitrine Facebook.
Un exemple représentatif, sous mes yeux, sur un fil familier.Un fil, parlant d'une étrange "coïncidence" : quelqu'un avait prévu l'attentat de la Prom.
1. Qu'a dit ce quelqu’un interviewé sur youtube  ? "Je suis persuadé qu'il y aura un attentat très spectaculaire islamiste en France avant les Présidentielles, peut-être sur les plages cet été, peut-être pas au moment de l'Euro parce que ça engagerait trop de chose mais peut-être sur les plages, cet été".Si comme moi vous vous dites "ben quoi ?" voici que vous êtes placé dans le lot des incrédules idiots, de ceux qui ne veulent jamais rien voir car : 
2. selon l’auteur du fil, comment cette personne peut-elle être aussi affirmative ? Il faut absolument s'en questionner … donc les commentateurs de ce fil se questionnent et discourent : une l'avait prédit à une amie : « il allait se passer un événement terrible à Nice , l’on va accuser les terroristes », et le soir même cela s'est vérifié ; une autre pense que la personne interviewée peut détenir des informations, ou bien avoir un médium qui travaille pour lui, tout est possible, cette question vaut la peine d'être posée.Bien sûr, l'on peut tout simplement passer son chemin vers un autre fil ou sourire devant ce genre d'attitude. 
Cela vaut-il vraiment la peine d'en faire tout un plat sur son blog, de se plaindre qu’il rajoute aux malheurs du monde ? Sauf que, ce personnage interviewé, ce sage médium visionnaire, c'est Alain Soral, le triste sire. 
Et que, dans ma naïveté invétérée, j'ai cru au péché par ignorance de ce fil ; comment quelqu'un d'estimable, adepte de la paix, de la méditation et de l’amour universel, pouvait citer Soral en toute connaissance de cause, lui donner un statut de sage, et à son discours une considération, une publicité blanchissante. Tel le chevalier Ajax, je me lance dans l'éclairage pédagogique du bon peuple, source en lien à l’appui (négationnisme, homophobie..). 
Ce n'était pas une bonne idée. Contre l'appel des connaissances obscures, il n'y a rien à faire qu'à subir les sarcasmes. C’est là que se lève le déni comme une muraille protectrice autour du Maître du fil : Soral donne une occasion de réfléchir. Peu importe d’où vient l’information, il reste que sa clarté de vue est troublante et mérite l’interrogation. Dénoncer Soral et sa position ne sont que des clichés, qui empêchent de réfléchir sur l’essentiel, alors que ce questionnement est sain et simple à comprendre. Dénoncer Soral porte un discours de haine qui aveugle, qui discrimine celui qui a posté le lien, c’est favoriser l’engouement de la haine qui flotte dans l’air, se défouler sur une personne. 
Une solution m’est proposée par plusieurs : quitter ce fil, mon discours de haine, le trouble que je sème chez les méditants : les Pro ou Anti Soral n’ont aucun intérêt. Ici l’on est entre soi, dans le Tao, et la pensée manichéenne n’a pas lieu d’être. Soral est l’homme à abattre avec Dieudonné et personne n’est blanc ou noir, chacun porte en lui une part de lumière.
Voici le visage des "Purs", des au-dessus du Monde, de ceux qui méditent pour choisir le camp du Bien sans se mouiller l'âme, de ceux qui voient l'étincelle de lumière dans chaque individu même le pire, de ceux qui pensent que tout n'est que point de vue. 
Ainsi dans cet été meurtrier ai-je vécu une expérience surprenante mais finalement pas si inattendue. Quelle chose de la terreur de l'an mil sans doute...









17.7.16

Nous mourons tous par petits bouts : Prom Party (1)

Drôle de période.

Moi qui ai toujours adoré les feux d'artifices, je n'aurais raté pour rien au monde celui du 14 juillet.
Je ne l'ai pas raté, bien sûr, et je suis allée à l'endroit le plus stratégique, la plage du Palais de la Méditerranée, de façon à avoir les barges de chargement des tirs juste en face, devant moi, avec une meilleure visibilité et moins de public que vers la place Masséna.
Si j'avais pu, j'aurais pris la ligne 23 qui m'aurait laissé boulevard Gambetta, face au High. Mais le feu d'artifice étant à 22h, à cette heure là pas de 23. Donc le tram, par l'Est de la Prom.
Après le feu d'artifice, un peu trop court à mon goût, je serais bien allée vers l'Ouest, pour chercher dans la Prom Party les Petites Ouvreuses que je n'avais pas vu à l'aller. Mais H. m'en a dissuadée, par là il n'y a rien, et puis il va pleuvoir, rentrons.
C'est comme cela que je n'ai rien vu. C'est comme cela que prise dans la vague de la foule en panique, je n'ai pas eu peur un seul instant. Je n'y ai pas cru. Même si j'ai couru, comme les autres, longtemps. J'ai pensé à un délire de foule, le même d'ailleurs qui a saisi le Cours Saleya.
Les incrédules meurent comme les autres. Ceux qui croient au ciel et ceux qui n'y croient pas. Cela ne change rien.
Je ne me remets pas vraiment de ne pas être morte un soir de quatorze juillet après le feu d'artifices...

12.7.16

Asher Lev (17) : crucifixion


La reproduction de la Crucifixion de 1930 était accompagné du commentaire suivant : "Picasso assemble comme dans un puzzle différents motifs des compositions anciennes, d'où la complexité de l'œuvre, qui est un véritable dictionnaire du vocabulaire plastique."
Chaïm Potok, le don d'Asher Lev, p.192

11.7.16

Asher Lev (16) : tableaux "à" Picasso


Je poursuivis lentement ma visite jusqu'à la pièce qui contenait sa collection de tableaux de Matisse, Cézanne, Rousseau et Renoi. La Marguerite de Matisse était là !

Qu'est-ce que l'Espagnol avait bien pu voir chez Rousseau ? Qu'est-ce qu'il avait pu découvrir dans l'imagination et la peinture laborieuse de ce naïf ? Cela me dépassait.
Chaïm Potok, le don d'Asher Lev, p 191

10.7.16

Asher Lev (15) : emprunts


photo Léa Lalou
"Tu sais ce qu'est un peintre, vraiment, Lev ? Un peintre est un passionné qui veut se créer une collection, et il le fait en peignant lui-même les tableaux qu'il aime chez les autres artistes. Ce qui fait une bonne collection. "
Chaïm Potok, Le don d'Asher Lev, p190

9.7.16

Asher Lev (14) : l'été à la plage


 
Picasso, Famille au bord de la mer

Je demeurai longtemps devant ce dernier tableau ; l'artiste nu est couché sur le sable, sa main gauche cache son sexe, son fils, encore bébé, touche l'oreille de son père avec un doigt de la main gauche ; sa femme pose la main droite, comme pour l'arrêter, sur l'épaule de l'enfant. Derrière la plage jaune, s'étend une mer sombre sous un ciel menaçant. J'avais l'impression d'être un voyeur sur cette plage, épiant chaque mot et chaque geste de cette famille.
Chaïm Potok, Le don d'Asher Lev, p188

8.7.16

Asher Lev (13) : Picasso

La pièce était vaste et bien éclairée, le plafond était haut. Les tableaux m'accueillirent comme un vieil ami : je les avais vus si souvent auparavant, dans des rétrospectives ou en reproductions. L'Espagnol et la magie de son art. Il y avait un portrait de jeune fille qu'il avait fait quand il avait quatorze ans.
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Il y avait Casagemas, un suicidé, peint avant d'être enterré, la blessure de la tempe étrangement bleuâtre et répugnante. Ainsi c'était donc là que se tableau se trouvait depuis une dizaine d'années ... dans sa propre collection !

Pablo Picasso. Death of Casagemas, 1901

Et l'autoportrait peint en 1901 : ces grands yeux las dans un visage pâle marqué par le malheur et la fatigue. Il l'avait vingt ans quand il l'avait fait : l'artiste qui observe sombrement son avenir dans un miroir.

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Chaïm Potok, Le don d'Asher Lev, 2e partie, ch.3, p188

7.7.16

Asher Lev (12) : une autre moi-même

Seul dans la maison de mes parents, un peu plus tard cet après-midi là, je pris conscience que la chambre que je partageais avec Devorah était de plus en plus envahie de livres. Beaucoup étaient des livres neufs qui venaient de la librairie hébraïque de Kingston Avenue : des livres d'enfants et des travaux hassidiques, d'autres étaient des romans en collection de poche, d'autres venaient de la bibliothèque municipale. Devorah avait tendance à remplir les espaces vides de livres : l'extrémité des tables, le haut des coiffeuses, le rebord des bureaux, quelquefois même les chaises. Elle rangeait sans arrêt les livres avec un soin infini, elle alignait leurs dos pour qu'aucun ne dépasse : une rangée vraiment militaire. C'était sa manière à elle de prendre possession d'un lieu, de déclarer qu'elle avait l'intention d'occuper un certain espace pour une certaine durée.
Chaïm Potok, Le don d'Asher Lev, p170

4.7.16

Asher Lev (11) : sur le mur

"mon cousin Nahum sortit des dessins et les tint dans la lumière. Il me montra un Arlequin de Picasso, daté de 1919,


un dessin de Virginia Haggard par Chagall, avec sa signature "Marc", sous les mots Pour Virginia mon amour, et daté de Vence, 1952;

les amoureux by marc chagall

Le don d'Asher Lev, Chaïm Pottok, p.58

3.7.16

Nous mourons tous par petit bout : une voix qui s'éteint

Aussitôt, quand je pense à Elie Wiesel, j'entends sa voix qui parle en Français.

Elie Wiesel Mémoire par Souoland
Quand chaque année je lis le seder dans sa Hagaddah, celle que j'ai choisie pour passer en Egypte, c'est sa voix qui me lit le texte, les commentaires. Va-t-il trouver les réponses qu'il cherchait ? Pour ma part, je m'accroche à sa voix, je ne veux pas réaliser qu'il n'est plus là. Je ne veux pas accepter la triste réalité du monde, à présent sans lui, qui fait que quand on cherche Elie Wiesel sur YouTube la majorité des documents sont issus d'Alain Soral et des négationnistes.
L'écouter encore, ici.
Relire ses merveilleux livres, sa biographie, Célébration talmudique, et toujours ainsi entendre sa voix.


Asher Lev (10) : trois tableaux

Trois grands tableaux. Je fus abasourdi quand, immédiatement, je reconnus les factures célèbres. J'étais incapable de parler ou de bouger, tellement leur présence dans cette maison me paraissait inconcevable.
"Mon Dieu !" J'entendais ma voix comme si elle venait d'ailleurs.
Sur les murs, se trouvaient un paysage de Matisse du Sud de la france, peint avec pratiquement toute la gamme de la palette de l'artiste : rouge cadmium, pourpre, vert émeraude, bleu de Prusse, bleu cobalt, outremer, jaune cadmium, ocre, terre brûlée, noir, blanc de zinc;
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une huile de Cézanne de la montagne Sainte-Victoire vue à travers et par-dessus une rangée de hauts cyprès inclinés,


et un jardin de Renoir, peint quand il vivait à Cagnes, à quelques kilomètres de chez moi.


Le don d'Asher Lev, Chaïm Potok, Première partie, ch. 1, p56

2.7.16

Asher Lev (9) : le Juif errant


"Je vis aussi la gravure de Moreh : le vieil homme barbu sur un pieu en forme de crucifix doté d'une roue flottant au dessus d'un lieu sinistre et dévasté par les eaux."le juif errant by mordecai moreh
Le don d'Asher Lev, Chaïm Potok, Première partie, ch.1, p51

1.7.16

Asher Lev (8) : clés brisées


Samuel Bak, Broken key

Je fermai les yeux et demeurai immobile dans la lumière. La gravure de Bak réapparut dans mon esprit : les clefs, le paysage parsemé de rochers, la serrure de lumière dans le ciel.