31.3.15

Méridien en cinémascope (27) : dénouement ?

"- Il me racontait des histoires. Avant de quitter Paris, il avait commencé celle des trois lanciers du Bengale, mais il est mort. Il est mort avant la fin de l'histoire.
Arbogast retint son souffle et compta dix pas avant de parler.
- Moi, je la connais, la fin, dit-il.
Vera faillit s'arrêter de marcher, mais ce n'était pas le moment. Allez, allez, faisait doucement selmer derrière eux. Elle baissa la tête.
- Alors, chuchota-t-elle, Mac Gregor ?
- A votre avis ? souffla Arbogast.
- Il s'en sort, dit Vera, il s'en tire."

Le méridien de Greenwich, ch.32, Jean Echenoz

30.3.15

Méridien en cinémascope (26) : introuvable

"- Ici Radio Switzerland, bafouilla le stagiaire. Comme chaque jour, voici deux heures de musique et de bonne humeur, avec tout de suite notre disque de la semaine, voici Coco Schmidt qui chante Pourquoi moi ?
Une nuisance mélodique envahit l'espace un instant, Tristano coupa le son.
-Ils nous laissent tomber, dit-il"
Le méridien de Greenwich, ch.29, Jean Echenoz

29.3.15

Méridien en cinémascope (25) : apéritif


"Ils s'en revinrent au blockhaus, où ils passèrent un peu de Brahms à l'épreuve du magnétophone. Au son, l'appareil semblait une poêle où l'on aurait mis Brahms à frire, et ce bruit d'aliment leur donna faim."
Le méridien de Greenwich, ch.27, Jean Echenoz

28.3.15

Méridien en cinémascope (24) : crépuscule

Selmer avait renversé sa tête sur le dossier ; il ne pensait à rien tout en considérant l'air. Bientôt l'envahit une impatience d'entracte, qui transformait les sièges du hors-bord en fauteuils de cinéma et le ciel pâlissant au dessus de l'archipel en écran vierge prêt à se peupler , à se meubler. Mais rien ne se produisit, rien ne vint ; seul l'ensoleillement se modifiait sensiblement, dans le sens du moins."
Le méridien de Greenwich, ch.27, Jean Echenoz

27.3.15

Méridien en cinémascope (23) : après-rasage

"Leurs visages se paraient maintenant de barbes, Arbogast ayant brisé par maladresse, quelques jours plus tôt, l'unique miroir dont ils disposaient pour se raser. Comme il se désolait, Selmer l'avait consolé en proposant, puisqu'ils étaient de tailles et de morphologies voisines, de se raser désormais l'un en face de l'autre en symétrisant bien leurs gestes, chacun tenant lieu de miroir à l'autre. Essayons, avait dit Arbogast. Ils tentèrent l'expérience, se coupèrent effroyablement. Peut-être ne se ressemblaient-ils pas assez. Renonçons, avait dit Selmer."
Le méridien de Greenwich, ch.27, Jean Echenoz

26.3.15

Méridien en cinémascope (22) : il faut le remplacer, maintenant.

"Caine s'était assis près de Paul, qui n'était plus que le cadavre de Paul. Il le regardait sans comprendre et avec une tristesse sincère, bien qu'il l'eût peu connu de leurs vivants communs. Une certaine confusion noircissait encore sa tristesse, car il se sentait obtus et gauche devant feu Paul, comme démuni. Il supposait l'existence d'une sorte de code de politesse nécrologique, d'un type particulier de conduite à tenir, de certains gestes précis, reconnus et consacrés, applicables sans risques à toute situation comportant un ou plusieurs cadavres, mais il ignorait malheureusement toutes ces choses. Lui vint à l'idée qu'il était d'usage, du moins au cinéma, de fermer les paupières des défunts. Paul gisait face contre terre. Caine dut le retourner, non sans des égards extrêmes que jamais il n'aurait accordés à un non-mort ; mais Paul avait fermé les yeux en expirant, et l'inventeur en éprouva un léger sentiment de frustration, suivi d'un long affect de culpabilité, celui-ci sanctionnant celui-là. "
Le méridien de Greenwich, ch.25, Jean Echenoz

25.3.15

Méridien en cinémascope (21) : coïncidence


"Il ressemblait à l'acteur Sidney Greenstreet incarnant, dans une autre histoire, le rôle d'un personnage également et coïncidemment nommé Kasper Gutman. Comme ce dernier, son allure était d'ailleurs empreinte d'un certain sens des apparences. "
Le méridien de Greenwich, ch.24, Jean Echenoz

24.3.15

Méridien en cinémascope (20) : Taxi

"- A l'aéroport de Roissy, fit-elle d'une voix précipitée, comme elle l'avait bien souvent vu faire au cinéma.
Le chauffeur mit son compteur à zéro, le feu passa au vert et le taxi démarra souplement, également tout comme au cinéma.
Le méridien de Greenwich, ch.23, Jean Echenoz

23.3.15

Méridien en cinémascope (19) : très beau, dit-il.


"Il se leva et se dirigea vers le puzzle achevé dont l'inventeur lissait amoureusement la surface du tranchant de la main. Les morceaux de carton assemblés reconstituaient un tableau figurant une vaste galerie aux murs de laquelle étaient suspendus une multitude de tableaux, dont certains représentaient encore d'autres tableaux ; la mise en abîme s'arrêtait là, le peintre ne s'étant pas aventuré plus loin dans l'emboîtement des représentations. "
Le méridien de Greenwich, ch.22 Jean Echenoz

22.3.15

Méridien en cinémascope (18) : le son n'est pas très bon, mais ça me suffit pour ce que j'en fais.


"Arbogast entra dans le blockhaus et ressortit avec un petit magnétophone et une boîte de bandes magnétiques.
- De la musique de chambre, dit-il, c'est ce qui va le mieux avec les couchers de soleil."
Le méridien de Greenwich, ch. 20, Jean Echenoz

21.3.15

Méridien en cinémascope (17) : écologie pratique

"Ca n'a pas été trop dur pour s'adapter ? demanda Selmer en mangeant.
-Etant jeune, dit Arbogast, j'ai lu Walden et Le Robinson suisse. J'en avais gardé quelques souvenirs, ça m'a un peu aidé."
Le méridien de Greenwich, ch. 20, Jean Echenoz

20.3.15

Méridien en cinémascope (16) : J'appellerai demain pour savoir la suite

"Tu n'as pas envie de me voir, dit-elle ; ce n'est pas ça dit-il. Alors elle lui imposa de raconter la suite de l'histoire, et Paul, d'une voix inégale, lui raconta ce qui se passait depuis le moment ou Forsythe et mac Gregor, les ongles arrachés il faut voir comment par les sbires de Mohamed Khan, se remettent de leurs émotions en organisant dans leur cellule des courses de blattes."
Le méridien de Greenwich, ch. 18, Jean Echenoz

19.3.15

Méridien en cinémascope (15) : j'irai peut-être au cinéma


"- Il paraît que la copie est en mauvais état, dit rêveusement Carrier"
Le méridien de Greenwich, ch.10, Jean Echenoz

18.3.15

Méridien en cinémascope (14) : rangement


"Sous la scène, le pianiste martelait son clavier avec un regard inexpressif de dactylo. Un cylindre de cendre exceptionnellement long et légèrement incurvé adhérait encore au mégot coincé dans sa commissure, et un ruban de fumée montait le long de son visage, en épousant tous les reliefs, passant par dessus ses yeux presque clos pour se diluer ensuite sur son front, à l'orée de sa chevelure."

17.3.15

Méridien en cinémascope (13) : arrêtons-nous là pour aujourd'hui.

Paul raconta toute la sène du repas, en présence de l'espionne Tania, tout ce dialogue ambigu, jusqu'au moment ou Mohamed Kahn, après le dessert, démasque les valets de l'impérialisme britannique."
Le méridien de Greenwich, Jean Echenoz, ch.9

16.3.15

Méridien en cinémascope (12) : supériorité

"ses yeux étaient empreints d'une telle attention qu'on pouvait imaginer qu'il avait décidé de n'accorder son attention qu'aux objets situés à leur hauteur, ou bien que, voulant tirer partie de sa taille inhabituelle, il s'était consacré à l'étude des parties supérieures de tableaux."
Le méridien de Greenwich, Jean Echenoz, ch. 8

15.3.15

Méridien en cinémascope (11) : puzzle


"La vérité est qu'il ne s'inquiétait pas; il venait de découvrir une pièce-clef, qui lui permettait d'achever le candélabre de cuivre rouge qui pendait au plafond de la galerie ; il jubilait."
Le méridien de Greenwich, Jean Echenoz, ch. 7

14.3.15

Méridien en cinémascope (10) : soufflez, soufflez, c'est le moment ou jamais


"Allez-y, dit-il, jouez, jouez, c'est dans votre intérêt."
Le méridien de Greenwich, Jean Echenoz, ch. 6

13.3.15

Méridien en cinémascope (9) : ça suffira

"C'était la dernière, dit Pradon, nous n'avons pas d'autre photo de Caine."
Le méridien de Greenwich, ch.5, Jean Echenoz

12.3.15

Méridien en cinémascope (8) : l'objet d'une telle attention


"La seconde n'était occupée que par un seul individu, de taille anormalement haute, stationnant avec une immobilité remarquable devant l'un des tableaux, au fond, à droite."
Le méridien de Greenwich, ch.4, Jean Echenoz

11.3.15

Méridien en cinémascope (7) : fil conducteur



"D'abord, il s'intéressa au mode de fabrication de ces objets. On ne savait pas trop s'ils étaient achevés. Certaines zones de toile étaient recouvertes de strates superposées, chacune ne couvrant qu'en partie la strate au dessous d'elle et laissant voir ou deviner, selon le désir de Gustave, les motifs qu'elle avait à charge de masquer et d'amplifier à la fois."
Le méridien de Greenwich, ch.4, Jean Echenoz

Voyage avec un incolore (49) : Tokyo


Le paysage d'Hämeenlinna, près du lac, lui apparut. Les rideaux de dentelle blanche agités par le vent, le cliquetis du petit bateau balloté par les vagues.
L'incolore Tsukuru Tasaki et ses années de pèlerinage. MURAKAMI Haruki, ch.19

10.3.15

Méridien en cinémascope (6) : Palais-Royal

"La statue de Jeanne d'Arc, d'apparence luisante et dorée sous le soleil, était jaune et mate dans l'air gris sur son passage".
Le méridien de Greenwich, ch.4, Jean Echenoz

Voyage avec un incolore (48) : glaçon

"Chacun continuerait d'avancer sur son chemin, à la place qui lui a été assignée. Comme Rouge l'avait dit, on ne peut pas revenir en arrière. A cette pensée déferla sur lui, silencieusement, une grande tristesse, comme de l'eau venue d'on ne sait où. Une tristesse vaporeuse, sans forme. Une tristesse qui lui appartenait en propre et qui se situait aussi en un lieu inaccessible et lointain. Une douleur qui lui transperça la poitrine, qui le fit suffoquer.
Il arrêta la voiture sur le bord du chemin, coupa le moteur et, appuyé contre le volant, il ferma les yeux. Il fallait qu'il respire profondément, lentement, en prenant tout son temps, afin de régulariser le rythme de son cœur. Puis il prit conscience soudain de l'existence de quelque chose de dur et de froid, à peu près au milieu de son corps - quelque chose comme un noyau de terre glacée qui n'avait pas fondu après l'hiver. C'était de là que venait la douleur dans sa poitrine et la sensation d'étouffer. Il ignorait jusque là qu'il abritait cette chose en lui.
Mais la douleur dans la poitrine était juste, l'étouffement était juste. Il lui fallait les éprouver pleinement. Ce noyau froid, il devrait ensuite le faire fondre peu à peu. Cela prendrait sans doute du temps mais il devait le faire. Et il aurait besoin de la chaleur de quelqu'un pour que ce noyau de terre glacée fonde. La sienne n'y suffirait pas."
L'incolore Tsukuru Tasaki et ses années de pèlerinage. MURAKAMI Haruki, ch.17

9.3.15

Méridien en cinémascope (6) : Mac Gregor, Forsythe et Stone


"
-Autre chose, maintenant, dit-elle.
-Une histoire, proposa Paul.
-Je veux bien."
Le méridien de Greenwich, ch.3

Voyage avec un incolore (47) : se débarrasser de l'ombre longue du démon


"Ce n'est pas seulement l'harmonie qui relie le cœur des hommes. Ce qui les lie bien plus profondément, c'est ce qui se transmet d'une blessure à une autre. D'une souffrance à une autre. D'une fragilité à une autre. "
L'incolore Tsukuru Tasaki et ses années de pèlerinage. MURAKAMI Haruki, ch.16

8.3.15

Méridien en cinémascope (5) : fratrie


"Elle ressemblait à Dorothy Gish, la sœur de Lilian"
Le méridien de Greenwich, ch.3, Jean Echenoz

Voyage avec un incolore (46) : beethovenien


"Celui-ci est tout-à-fait remarquable, mais il y met une sorte de noblesse proche des sonates de Beethoven.
L'incolore Tsukuru Tasaki et ses années de pèlerinage. MURAKAMI Haruki, ch.16

7.3.15

méridien en cinémascope (4) : de l'excès du bleu.

...comme, Odilon Redon, encore lui, dans son cyclope exposé au musée d'Otterlo, avait échoué en réduisant la tête entière de Polyphème à un œil unique, à l'exclusion de tout autre organe, un gros œil occupant une énorme orbite crânienne, et, de surcroît, bleu ; autre excès.


Le méridien de Greenwich, ch2, Jean Echenoz

Voyage avec un incolore (45) : un autre lac


Cette musique qui se jouait là, au bord d'un lac finlandais, se parait d'un charme particulier. Tsukuru la ressentait un peu différemment quand il l'écoutait dans son appartement de Tokyo.
L'incolore Tsukuru Tasaki et ses années de pèlerinage. MURAKAMI Haruki, ch.16

6.3.15

méridien en cinémascope (3) : cyclope


"Il n'est pas facile de produire un monstre, pensa Haas."
Le méridien de Greenwich, ch2, Jean Echenoz

Voyage avec un incolore (44) : vécu (2)



"Est-ce que quelqu'un m'avait précipité à la mer, ou bien avais-je sauté de mon propre chef ? Je ne saurais le dire. En tout cas, le bateau continuait sa route et moi, plongé dans l'eau noire et glacée, je regarder s'éloigner les lumières du pont. Personne sur le bateau, hommes d'équipage ou passagers, ne savait que j'étais tombé à la mer. Il n'y avait rien alentour à quoi j'aurais pu m'accrocher. Je garde encore aujourd'hui le sentiment de terreur que j'ai éprouvé à l'époque. L'angoisse d'être soudain nié dans mon être même. D'être jeté la nuit en pleine mer alors que je n'ai rien fait. "
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch.16

5.3.15

méridien en cinémascope (2) : l'œil comme un ballon bizarre



"En attendant que fleurisse le monosyllabe, il jeta un regard circulaire sur l'espace quadrangulaire, tant bien que mal."
Le méridien de Greenwich, Jean Echenoz, ch.2

Voyage avec un incolore (43) : vécu



Tu as dit que j'avais terriblement changé, reprit Tsukuru. Je le pense moi aussi. Après avoir été chassé de notre groupe, il y a seize ans, j'ai vécu durant toute une période, environ cinq mois, à ne penser qu'à la mort. Oui, véritablement, sérieusement, je ne pensais qu'à la mort. Au bord de l'abîme, j'ai tenté de découvrir ce qui se trouvait là et j'ai fini par ne plus pouvoir en détourner le regard. Pourtant, j'ai réussi à revenir, tant bien que mal, dans le monde des vivants. Il n'y aurait rien d'étonnant cependant à ce que je sois réellement mort à cette époque. Quand j'y repense à présent, je devais sûrement avoir la tête à l'envers. Quel était le nom de ma maladie...? Névrose, ou dépression, je ne sais pas très bien. En tout cas, je n'étais pas dans mon état normal. C'est tout à fait certain. Pour autant, je n'étais pas non plus dans la confusion. Mon esprit est toujours resté clair."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch.16

4.3.15

méridien en cinémascope (1) : marines


"C'était un grand voilier aux flancs hérissés de canons, comme on peut en voir aujourd'hui enfermés dans des bouteilles ou sur les tableaux de Joseph Vernet. Il approchait lentement de la côte, cap sur le récif rose.
- Ca ne passe pas inaperçu, observa Rachel.
-Justement, dit Byron, je suppose que c'est délibéré. On n'aura jamais l'idée de vous y chercher."
Le méridien de Greenwich, Jean Echenoz, ch.1

Voyage avec un incolore (42) : ça existe


""En avion, onze heures environ, répondit Tsukuru. J'ai eu le temps de prendre deux repas et de regarder un film.
-Quel film ?
-Die Hard 12."
Les fillettes parurent satisfaites.


L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch.15

3.3.15

Voyage avec un incolore (41) : l'homme à l'accordéon






"Il y a dans la vie des choses trop dures à expliquer dans n'importe quelle langue."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch.14

2.3.15

Voyage avec un incolore (40) : pizza

"Comme il ne voulait pas se compliquer les idées à propos de nourriture, il entra dans une pizzeria, s'installa à une table en terrasse , et commanda unthé glacé et une pizza Margherita. Il eut l'impression d'entendre la voix rieuse de Sara à son oreille. Elle se moquait de lui. Comment ! Tu as pris l'avion exprès pour te rendre en Finlande et tu seras revenu en ayant mangé une Margherita ! Mais elle était excellente, bien au-delà de ses attentes. Elle avait dû être cuite dans un four au feu de bois car elle exhalait une odeur délicieuse et la pâte était légère et bien croustillante."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch.14

1.3.15

Voyage avec un incolore (39) : un endroit où il n'ira pas.


"A Hämeenlinna, il y a un château au bord d'un joli lac, et la maison où est né Sibelius, mais je suppose que vous avez des choses plus importantes à faire."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch.14