27.7.13

Eloge de l'ombre (2) : épilogue

"Pour moi, j'aimerais tenter de faire revivre, dans le domaine de la littérature au moins, cet univers d'ombre que nous sommes en train de dissiper. J'aimerais élargir l'auvent de cet édifice qui a nom "littérature", en obscurcir les murs, plonger dans l'ombre ce qui est trop visible et en dépouiller l'intérieur de tout ornement superflu. Je ne prétends pas qu'il faille en faire autant de toutes les maisons. Mais il serait bon, je crois, qu'il en reste, ne fût-ce qu'une seule, de ce genre. Et pour voir ce que cela peut donner, eh bien, je m'en vais éteindre ma lampe électrique."
Eloge de l'ombre, TANIZAKI Junichiro

Mes notes de chevet (107) : Mélodies

"L 'air du "Parfum de la brise". L'air de la "Cloche jaune".
Notes de Chevet, Sei Shônagon.

mes notes de chevet :
"Trois petites notes de musique ont plié boutique au creux du souvenir"





26.7.13

Nous mourons tous par petits bouts (suite) : les fleurs se fanent pour toujours

On y trouvait toutes les senteurs, dans des petits flacons : muguet, genêt, canelle, etc. C'est fini.

Cent vues (79) : jeux de triangles, suite

Inage-Ryo Natsu no Fuji, de Hokusai
"- Vous reprendrez bien un peu de thé avec votre riz ?`
- Mais bien sûr Très Cher ! "




18.7.13

Eloge de l'ombre (1) : toilettes et méditation

"Au nombre des agréments de l'existence, le meître Sôséki comptait, paraît-il, le fait d'aller chaque matin se soulager, tout en précisant que c'était une satisfaction d'ordre essentiellement physiologique ; or, il n'est, pour apprécier pleinement cet agrément, d'endroit plus adéquat que des lieux d'aisance de style japonais d'où l'on peut, à l'abri de murs tout simples, à la surface nette, contempler l'azur du ciel et le vert du feuillage. Au risque de me répéter, j'ajouterai d'ailleurs qu'une certaine qualité de pénombre, une absolue propreté et un silence tel que le chant d'un moustique offusquerait l'oreille, sont des conditions indispensables. Lorsque je me trouve en pareil endroit, il me plaît d'entendre tomber une pluie douce et régulière. Et cela tout particulièrement dans ces constructions propres aux provinces orientales, où l'on a ménagé, au ras du plancher, des ouvertures étroites et longues pour chasser les balayures, de telle sorte que l'on peut entendre, tout proche, le bruit apaisant des gouttes qui, tombant du bord de l'auvent ou des feuilles d'arbre, éclaboussent le pied des lanternes de pierre, imprègnent la mousse des dalles avant que ,e les éponge le sol/ En vérité ces lieux conviennent au cri des insectes, au chant des oiseaux, aux nuits de lune aussi ; c'est l'endroit le mieux fait pour goûter la poignante mélancolie des choses en chacune des quatre saisons, et les anciens poètes de haikai ont du trouver là des thèmes innombrables."
Tanizaki Junichiro, Eloge de l'ombre, (p21-22)

16.7.13

Cent vues (78) : Triangle et jolies fesses


Kai no Fuji no-otoko, Hokusai
Déclinaisons géométriques, joli arrière-plan, joli premier plan ...


15.7.13

Mes notes de chevet (106) : instruments de musique

"la guitare, la harpe à treize cordes"
Notes de chevet, Sei Shônagon
Quatre cordes de la lune, Yoshitoshi

Mes notes de chevet :
Je ne sais d'où me vient cette détestation de la guitare, qui fut pourtant l'instrument de ma découverte de la musique, avec grande joie.
Au contraire, je devrais sans doute me réincarnéer car la frustration de ne pas avoir pu jouer du violoncelle dépassera ma présente vie.

13.7.13

Il faut une grande force pour faire taire le livre.

"Peut-être que toi, qui a souffert dès l'enfance, tu sauras trouver le chemin vers la prière. Sache que la prière est silence bien plus que parole. Celui qui sait se taire entend Dieu lui parler. La prière à voix haute est moins élevée. Il faut une grande force pour faire taire le livre."
Le garçon qui voulait dormir, Aharon Appelfeld, ch. 50

12.7.13

D' Abraham le silencieux

"Je lisais la Bible seul, heureux quand je comprenais quelques mots. Je m'arrêtais sur la ligature d'Isaac. Une histoire terrible racontée avec retenue, sans doute pour que l'on puisse entendre le silence entre les mots. Je me sentais proche de ces phrases mesurées, j'avais l'impression que l'histoire ne transmettait aucune morale - et quelle morale aurait-on pu y trouver ? - mais qu'elle s'infiltrait dans des cellules pour y attendre patiemment d'être déchiffrée.
(...)
La nuit, je relus la fin de la ligature d'Isaac. La façon très concrète dont cette épreuve s'achève m'émerveilla et, dans le même temps, je me demandais ce qu'on pouvait retirer de l'obéissance à un ordre inhumain. Que pouvait se dire Abraham ? J'ai réussi, j'ai obéi au commandement de Dieu, j'ai freiné la miséricorde en moi ? J'ai été un exemple pour les générations futures ? Et que pouvait-il dire à son fils Isaac ? Merci de t'être comporté ainsi à mes côtés, avec un courage bien plus grand que le mien ? Cette péricope est un sombre labyrinthe qui ouvre sur de sombres labyrinthes, et c'est pour cela que mieux valait se rendre à Beer-Sheva avec les ânes, sans rien dire, comme l'a fait Abraham. Toute parole sur une telle épreuve aurait été stupide. Abraham s'était exécuté face à l'ordre reçu. Il en souffrirait sans nul doute le restant de sa vie. D'ailleurs, la Bible ne nous dit rien de plus sur lui, jusqu'à sa mort."
Le garçon qui voulait dormir, Aharon Appelfeld, ch. 43