18.1.11

Fuji, cent vues (11) : le voir

Regarder le mont Fuji, lorsqu'on le voit, est un devoir et en même temps, un tel luxe, un de ces cadeaux que la vie nous fait et dont on ne voit pas toujours le prix.

J'aimerais même être un de ces passants : femme à bébé, porteur de bagages, ou à cheval, pourquoi-pas ?

15.1.11

Mes notes de chevet, 44. Choses splendides


« ... un chambellan arrive, comme messager du Souverain, auprès d’une fille noble qui sera plus tard épouse impériale ou impératrice. Avant même de prendre la lettre qu’il apporte, la dame, pour qu’il s’asseye, fait passer un coussin par dessous le store ; à ce moment, il aperçoit le bas de sa manche, d’où sortent de riches étoffes. Je ne pense pas qu’il ait l’habitude de voir, du matin au soir, une chose aussi jolie. Si le chambellan appartient à la garde impériale ou à la garde du Palais, il est encore plus gracieux qu’un autre lorsqu’il tire et étale, pour s’asseoir, la traîne de son vêtement de dessous. Quelle impression peut-il ressentir en son cœur, quand le maître de maison daigne lui présenter lui-même une coupe de vin de riz ? »
Sei Shônagon, notes de chevet

estampe d’Utamaro

Mes notes de chevet : contrairement à Sei Shônagon, j’aime les iris. Une des plus belles images de mes souvenirs est celle de les voir poindre leurs fleurs dans les petits ruisseaux qui longent les routes perdues dans la campagne périgourdine, au seuil du printemps.

8.1.11

Fuji, cent vues (10) : Japon- Périgord, même combat !

Hommage à deux populations de chasseurs-cueilleurs !
Les Japonais sont grands amateurs de champignons aussi...

Mes notes de chevet, 43. Choses qui semblent éveiller la mélancolie


« Le messager emporta... un habit non doublé ; de tissu blanc, et un autre vêtement rouge foncé. On aurait cru voir un costume couleur de prunier. J’eus du plaisir à regarder l’homme s’en aller sous la neige, avec ces vêtements qu’il avait jetés sur son épaule. »
(...)
« Hélas, murmurai-je, quelle pitié ! Nous sommes dans un monde bien cruel. »
Sei Shônagon. Notes de chevet

Gravure d’Utamaro

Mes notes de chevet. Sur les terrasses, là où je révisais mon bac, il ne reste que quelques oliviers. La petite ferme, les chèvres, ont disparu. Les genêts aussi et leur odeur entêtante au printemps, trop inflammables. La neige fondue mouille les bâches des piscines de villas proprettes qui ont bleui le vert glauque. Il y a même une pharmacie, et son parking. Peut-être, aux premières chaleurs de l’été, reste-il quelques cigales qui ne sont pas de céramique ...

2.1.11

Fuji, cent vues (9) : barques dans la brume


Aurais-je vu les barques dans la brume si le commentateur ne l'avait signalé ? Les petits paysans gravissant la montagne captent toute l'attention : où s'en-vont-ils ainsi ratisser et bêcher ?

Mes notes de chevet, 42. Choses qui paraissent agréables

« ... en effet, mon cœur battait ; j’étais inquiète en pensant que peut-être, s’il venait à ma chambre, il écarterait le store. J’allais donc au Palais du jardin des pruniers ; quand le Capitaine sous-chef des chambellans arriva, j’ouvris la demie-jalousie de la face orientale, et je le priai d’approcher. Il s’avança, magnifique, portant un manteau de cour d’une superbe couleur de cerisier, avec une doublure dont la nuance et le lustre avaient un charme indicible. Sur son pantalon à lacets, couleur de vigne très foncée, on voyait, brodés ça et là, des branches de glycine, plus grandes que nature. La teinte et l’éclat de son vêtement de dessous écarlate paraissaient splendides, et, dessous encore, de nombreux vêtements blancs et violet clair étaient mis l’un sur l’autre.

« Comme la véranda était très étroite, il s’y assit à demi seulement, presque sous le store ; il semblait vraiment un de ces personnages que représentent les peintures ou que célèbrent les romans.

« Les fleurs de pruniers qui sont devant le palais, blanches pour celui de l’est et rouges pour celui de l’ouest, commençaient à tomber un peu, mais elles étaient encore belles. Le soleil éclairait tout cela de ces brillants rayons et j’aurais voulu faire contempler par tout le monde ce calme tableau. »

Sei Shônagon, Notes de chevet
Gravure d’Utamaro

Mes notes de chevet : prendre un thé dans une jolie tasse, se faire caresser par le soleil, regarder un paysage en silence avec ses amis, petites choses de la vie, banales et précieuses. Ce sera mes vœux pour vous en cette nouvelle année...

1.1.11

Bonne année 2011, avec de bons amis

"Il me fallut des années pour me libérer des érudits, de leur tutelle, de leur sourire supérieur, et revenir à mes amis fidèles qui savaient qu'un homme n'est rien d'autre qu'une pelote de faiblesses et de peurs. Il ne faut pas en rajouter. S'ils ont le mot juste, ils vous le tendent comme une tranche de pain en temps de guerre, et s'ils ne l'ont pas, ils restent assis près de vous et se taisent.

Aharon Appelfeld, Histoire d'une vie, fin du chapitre 23