31.12.10

"La littérature, si elle est littérature de vérité, est la musique religieuse que nous avons perdue. La littérature contient toutes les composantes de la foi : le sérieux, l'intériorité, la musique, et le contact avec le contenu enfouis de l'âme. "
Aharon Appelfeld, Histoire d'une vie, chapitre 17

30.12.10

Langue (3) : langue maternelle (1)

L'effort pour conserver ma langue maternelle dans un entourage qui m'en imposait une autre était vain. Elle s'appauvrissait de semaine en semaine et à la fin de la première année il n'en demeura que quelques brandons sauvés des flammes. Cette douleur n'était pas univoque. Ma mère avait été assassinée au début de la guerre, et durant les années qui suivirent j'avais conservé en moi son visage, en croyant qu'à la fin de la guerre je la retrouverais et que notre vie redeviendrait ce qu'elle avait été. Ma langue maternelle et ma mère ne faisaient qu'un. A présent, avec l'extinction de la langue en moi, je sentais que ma mère mourait une seconde fois...
Pendant plusieurs années je poursuivis mes efforts pour adopter l'hébreu et le transformer en langue maternelle... Nul besoin d'être graphologue pour voir le tourment, la confusion, la désorientation. Les fautes d'orthographe n'apparaissaient pas qu'en hébreu, mais aussi dans ma langue maternelle. Chaque lettre raconte la déchirure et le malheur, et une conscience suraigüe de moi-même. Que vais-je faire sans langue ?  ... "Sans langue, je suis semblable à une pierre".
Aharon Appelfeld, Histoire d'une vie, chapitre 18

NB : Aharon Appelfeld est un écrivain israélien et son œuvre est en hébreu.

29.12.10

Langue (2)

Ces petites troupes s'étaient formées sur les routes. Elles allaient d'un camp à l'autre et, la nuit, divertissaient les gens fatigués par la guerre et fatigués d'eux-mêmes. Nul ne savait, à ce moment-là, que faire de sa vie sauve. Il n'y avait pas de mots, et les mots qui subsistaient du passé semblaient fades. De temps en temps surgissait un émissaire ou un homme dont les mots s'écoulaient facilement. Il utilisait des mots d'avant-guerre qui résonnaient comme un rabâchage fastidieux.
Aharon Appelfeld, Histoire d'une vie, chapitre 14

28.12.10

Langue (1) : Amalia

La guerre avait produit beaucoup d'enfants étranges (...).; il y avait aussi une petite chanteuse, Amalia, qui possédait une voix d'oiseau. Elle ne chantait pas dans une langue connue mais dans sa langue à elle, qui était un mélange de mots dont elle se souvenait, de sons des prairies, de bruits de la forêt et de prières du couvent. Les gens l'écoutaient et pleuraient. Il était difficile de savoir de quoi parlaient ses chansons. Il semblait toujours qu'elle racontaient une longue histoire pleine de mystérieux détails.
Aharon Appelfeld. Histoire d'une vie, chapitre 14

27.12.10

Ballade d'hiver

Les ballades dominicales ces temps-ci, se doivent d'être courtes, par cause d'hiver :
Pour les allonger et griller au soleil, il faudra attendre le printemps :

25.12.10

Fuji, cent vues (8) : trois doigts de la main gauche

En ce jour de commémoration de naissance, celle d'un cratère n'est pas mal non plus. Voici celle du mont Hoei, cratère du Fuji. Je suis très intriguée par la position des mains du personnage au goitre, qu'est-ce que cela peut signifier ? Le mystère reste entier...

Mes notes de chevet, 41. Choses dont on n’a aucun regret

 

« On entend louer une poésie que l’on a composée pour la donner à une amie, et lui permettre de la présenter comme son œuvre. Cela, pourtant, a aussi quelque chose d’agréable. »
Sei Shônagon, Notes de ChevetGravure de Hiroshige
Mes notes de chevet : En ce plein creux de l’hiver, à la veille de quitter ce qui fut ma maison si longtemps, il est bon de pouvoir se dire que ma vie va de l’avant sans regret, et que ce qui se dessine ne l’est que sous de bons auspices.

17.12.10

le dernier jour de classe de l'année

Journée très fidèle à ma vie du moment. Ma petite fille est partie loin de moi pour les fêtes. Les enfants ont très bien chanté, mieux que jamais, et ils souriaient. Les petites mesquineries des gens stupides. La boîte de truffes de chez Lac, offerte par un petit Oui Oui aux grand yeux bleus. En partant à treize heures, la couture de mon bonnet refaite mercredi a craqué et j'ai perdu un gant rouge. Mais je ne désespère pas du genre humain : en rentrant de l'école, comme avec John Chatterton, j'ai retrouvé mon gant délicatement posé sur une borne PTT sous le pont de chemin de fer.

15.12.10

11.12.10

Mystères ordinaires, 3 : mon ange

Mon ange me ferait-il des blagues ? Il se ceint d'une couronne d'épines, alors que c'est plutôt la saison pour aller dormir dans la paille !

4.12.10

Hanoucah : We Are Lights


Que cette chanson merveilleuse de Hanoucah illumine votre hiver.



A lamp that kept on burning,  a miracle they say;  
but the world has kept on turning   are there miracles today?
Every one who lights the candles has a bit of ancient spark.  
We are miracles, lighting up the dark
We are lights, lights of memory  rememb’ring times long gone
We are glowing, growing miracles.  
We are lights,  we are lights,  we are lights, shining on and on.  
A row of burning candles shines light upon your face, 
linking you and me and all of us to a far off holy place.  
But the blazing of the candles is not the only light. 
Look at all of us, shining here tonight.  
We are lights, lights of memory  rememb’ring times long gone
We are glowing, growing miracles.  
We are lights,  we are lights,  we are lights, shining on and on.  
We are lights, shining on, we are lights,  shining on and on.

1.12.10

Hanoucah, premier soir

Ce soir, c'est la première lumière de la fête de Hanoucah.


Cette année, je sens particulièrement le symbole de ce premier soir. Une petite lumière, fragile, dans la grande obscurité de la nuit. Demain, puis peu à peu les jours suivants, elle va augmenter. Mais pour aujourd'hui, la lumière est encore si petite, unique et fragile. Autour de moi, rien de grave m'affectant directement, mais un faisceau de mauvaises nouvelles touchant des gens chers à mon coeur; et tant, tant de petites mesquineries, chez les uns, chez les autres, qui regroupées ensemble augmentent le froid de ce début d'hiver et le noir de la nuit . Je sais qu'il ne dépend que de moi pour apprécier cette lumière, cette petite lumière qui va croitre peu à peu, renouvelant le miracle, le miracle qui veut que la lumière gagne sur l'obscurité, et que c'est à la lumière que l'on se réfère, même petite.